Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
3 février 2013 7 03 /02 /février /2013 18:45

this is the new fish by akincetin

 

(Photo : This is the new fish - Akincetin - Deviantart) 

 

 

      Mes doigts n'avaient connu ses cheveux que quelques jours mais ils en gardaient un souvenir inaltérable, plus unique encore que des empreintes digitales. J'avais sous la langue le goût amer de son absence, la brume épaisse des "pour toujours" menteurs que je lui avais murmurés. Je connaissais chaque recoin de cette fille qui m'avouait tout comme pour que je la libère. J'avais essayé d'apprendre par cœur l'odeur de sa peau quand elle se mélangeait à la mienne et le goût de ses lèvres et de sa langue. J'étais possédé par ces minuscules souvenirs brûlants qui déchiraient les promesses d'un avenir ensoleillé. Sans elle l'ouragan emportait tout, je ne voulais plus vivre, je n'avais plus de force et mes yeux, qui ne la voyaient plus, s'éteignaient. Le temps est passé sur moi comme une dose d'anesthésiant et j'ai oublié doucement, dans la fumée blanche, ses courbes angéliques. J'étais terrorisé par la violence que je sentais grandir dans mes entrailles mais aussi par cette prison dorée qu'elle incarnait : je ne pouvais aimer que cette fille de conte de fée, sans abîmer sa vie et ses sourires, devenir le pilier central de son existence, à jamais inébranlable. J'avais la nausée en constatant que j'étais capable de la salir. J'étais un gamin, je voulais bien la perdre si son bonheur se trouvait ailleurs que sur mes paumes. J'ai avalé ce morceau de vie comme un mort de faim, à user des excès, à trop aimer les femmes. C'était comme une explosion continue sous mon crâne, sans limite, pour tout connaître et ne rien gâcher. J'ai désiré avidement des centaines de corps, j'ai touché des femmes jusqu'à l'usure et l'épuisement afin d'y habituer mes sens. J'aimais l'amour sans amour mais je savais qu'un jour il ne me suffirait plus. Je devais goûter leurs différences et en connaître toutes les possibilités. Leurs corps me fascinaient en tant que sujets d'expériences. Esthétique ou pratique. J'essayais ces femmes que je n'aimais pas et mentalement je cochais des cases : "Ça, c'est fait". Je vivais intensément tous ces moments qui s'égrenaient dans ma vie, allongeant la liste qui me rapprochait d'elle. Elle n'était d'ailleurs jamais très loin, mon petit soldat, elle fermait les yeux sur ce que je taisais mais que tout son corps devinait. Je sais qu'en douceur elle essayait de vivre un peu mais aussi de se faire aimer. Elle voulait être désirable mais refusait qu'ils la consomment. Elle choisissait elle même les doigts qui auraient accès à sa peau tiède. Je crois qu'elle m'oubliait parfois, et même si ses entrailles lui hurlaient de se rappeler de mon nom, elle ne croyait plus en notre histoire et avait scellé ses espoirs. Ils étaient sa nourriture, l'encre de son stylo. Elle les aimait tendrement et en silence, elle y pensait comme on prie. On était enchainés à cette histoire ratée à cause de mille barrières que l'on croyait infranchissables. Mais au fond du trou, face au mur et devant les barricades, on tendait encore une main désespérée vers l'autre, inlassablement. On avait l'air complètement résignés et pourtant on s'épuisait dangereusement à se chercher. Quand j'ai commencé à tenter de la débusquer dans les yeux d'une autre j'ai pris peur. J'étais pourtant inévitablement attiré par ces filles qui n'avaient ne serait-ce qu'un morceau d'elle quelque part. Elles exerçaient sur moi une sorte de fascination malsaine et toujours déçue. Il me la fallait, j'étais à présent libre et prêt à assumer la dégradation de mon train de vie si c'était le prix à payer pour me noyer dans ses yeux. Il n'y avait plus qu'elle partout autour de moi, son vrai sourire retrouvé qui partageait le mien. On était beaux et un peu tristes sur les quais de gare. J'avais cette certitude ancrée en moi et indélébile, contre sa peau, blotti dans son cou, chaque matin bercé par sa voix, j'étais le plus heureux des hommes. Mon regard n'était plus que pour elle et maintenant j'en suis sur, je ne bande plus pour personne.

Partager cet article
Repost0
3 février 2013 7 03 /02 /février /2013 18:45

Je le redoutais même pas, ce jour bénit, je l'attendais pas non plus, je vivais juste ma vie, en l'oubliant peut être un peu entre deux verres de Jack Daniel's. J'ai même arrêté le shit sans qu'elle me tienne la main. J'me souviens plus ses yeux, ses sourires, ses cheveux, ça fait un peu trop de temps, un peu trop de cuites, un peu trop d'nuits blanches depuis la dernière fois. J'me suis rongé à faire le tour du monde à la recherche de sa voix, j'ai rien trouvé sinon des claques dans la gueule, de filles bourrées, de mecs jaloux, de videurs en colère, de mes potes qui me reconnaissaient plus. Alors ouais, j'ai abandonné. J'ai fermé les yeux quand elle dansait sous mon crâne.

Je pense à moi et à rien d'autre, je suis pas un poète, je suis un assassin, demain peut-être je serai quelqu'un d'autre, mon coeur bat au rythme de ma folie, j'ai oublié ses traits, j'ai oublié son nom, plus rien ne me fait vibrer même pas son odeur. Je suis mort à l'intérieur, j'ai plus envie de voir personne. Même si elle revenait ça me ferait pas revivre, j'ai trop brûlé ma vie, je bande plus pour personne. J'ai trop déchiré nos sourires, je bande même plus pour elle.

Partager cet article
Repost0

"J'écris des poèmes à l'ombre des jeunes filles en pleurs"

Ils étaient sa nourriture, l'encre de son stylo. Elle les aimait tendrement et en silence, elle y pensait comme on prie.

Symboliquement