(Photo : Franck JUERY)
Sous mes pieds, un précipice infini. Toutes ces années à crever doucement, se résigner beaucoup. Ces choses là n'existent pas. "Tu n'es peut être pas le plus beau des hommes, mais tu es le plus chanceux", j'espère. Ces kilomètres d'instants nous ont ressemblé, aussi ardents que le temps qui a coulé, avant. Il y a eu quelques hurlements étouffés par l'alcool, mais ils se sont tus quand on a compris qu'ils nous tueraient. Nous voilà ici, après tous ces hommages à ta cruelle absence. Je vois tes grands yeux, tes yeux immenses d' "étrange gamin fée", ton regard criminel souvent noyé dans l'océan du mien. Tu y nages paisiblement, on ne tremble que quelques fois, rarement ensemble. Pourtant mes pas sont dans les tiens, nous n'avons plus qu'un chemin, un sourire immense que l'on partage. On a fait l'amour encore alors que le temps jurait que ça n'arriverait plus. Nos peaux se sont mélangées, aimées. On a usé ces étreintes, parlé tout bas. On s'est mordu les lèvres, appris par cœur, nos corps, enfin.
Maintenant, on peut commencer.